En effet, la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) prévoit que les entreprises présentent un reporting extra-financier sur la mesure de leurs impacts et la présentation de leur trajectoire sur les dimensions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Bien que les plus petites entreprises ne soient pas encore directement concernées, la CSRD les impacte également car, comme le précise Jérôme Teissier, « toute la chaine de valeur est désormais scrutée ».
La transition énergie climat, facteur d’opportunités pour les entreprises
La transition énergie climat permet dans un premier temps aux entreprises de travailler à une consommation plus vertueuse de ressources, comme l’électricité, le gaz, ou l’eau. Jérôme Teissier explique ainsi que « dans peu de sites, on dispose d’une connaissance précise de la consommation d’eau et de la manière dont l’utilisation de la ressource est répartie. Le fait de mesurer permet de se rendre compte de ce qu’on dépense, de ce qui est superflu ou gaspillé, comme les fuites d’eau, et donc de réfléchir à comment améliorer sa consommation. Il ne faut pas opposer la durabilité à la rentabilité. La sobriété est économique. »Jérôme Teissier voit également la transition vers une économie sobre en ressource et décarbonée, comme une révolution, riche en opportunités de nouveaux business. « Nous allons vers une révolution quasiment de même ampleur que la révolution industrielle de la fin du XIXème siècle. De nouvelles activités, de nouveaux secteurs, de nouveaux produits vont être créés. On pense à l’hydrogène, à la capture du carbone ou, dans un autre registre, au secteur du vélo, encore peu développé en France. Certains acteurs vont devoir s’adapter, mais les contraintes vont créer des opportunités. Des investissements sont nécessaires, et peuvent être soutenus par des aides de l’État (subventions, crédits d’impôts) pour assurer cette transition. »
La transition énergie climat permet également aux entreprises d’améliorer leur résilience et leur autonomie. Par exemple, en mettant en place des ombrières photovoltaïques, l’entreprise décarbone son énergie, mais produit également une énergie locale, moins sensible aux crises (pandémie, tensions géopolitiques, etc.).
Comment engager la transition énergie climat des entreprises ?
Pour engager cette transition, Jérôme Teissier recommande de ne pas agir seul : « pour un chef d’entreprise qui souhaite amorcer sa transition énergie climat, il est important […] d’échanger avec des experts, mais aussi avec des pairs. [Cela est] stimulant et permet d’envisager les meilleures solutions pour son entreprise. »La réalisation d’un bilan carbone doit également intervenir tôt dans le processus. Essentiel, il permet de prendre conscience de l'impact global de l'entreprise : du matériel informatique jusqu’aux déplacements des collaborateurs. A noter : de nombreuses aides existent pour le réaliser.
Il est ensuite capital de mesurer et centraliser les données relatives à l'impact environnemental. Jérôme Teissier précise : « de la même manière que les entreprises se sont équipées en logiciels comptables ou RH, il faut intégrer la collecte de données environnementales à l’entreprise ». Selon lui, la complexité des sujets énergie-climat à traiter, notamment pour les entreprises industrielles multi-sites, nécessiterait la création d’un nouveau poste « de responsable de la transformation climat. Ce serait une personne qui a des compétences techniques et qui pourrait travailler main dans la main avec les responsables RSE et opérationnels pour analyser les données collectées et formaliser des feuilles de route pour la transition. »
Dernière étape et non des moindres : impliquer ses équipes dans la transition énergie climat de l’entreprise. Outre le fait que les salariés soient en attente d’engagement de la part de leur entreprise, leur implication permet de les faire contribuer à la stratégie et la vision de l’entreprise et de mobiliser leur savoir-faire et leur expertise lors de la définition des objectifs et des indicateurs, puis lors du déploiement des plans d’actions sur le terrain. Intégrer ses équipes dans sa transition écologique initie donc un cercle vertueux bénéfique, autant pour l’entreprise et pour les employés que pour la société et l’environnement.
* La transition énergie-climat couvre à la fois la réduction des émissions de CO2 liées à l’énergie et une stratégie bas-carbone, ainsi que des aspects tels que la gestion de l'eau, des déchets, la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles.